Migraines lancinantes, maux de dents, élancements désagréables dans les articulations ou dos endolori : les douleurs vives sont un signal d’alarme du corps. Nous vous présentons sept traitements de phytothérapie qui ont fait leurs preuves dans l’apaisement des douleurs.
Autorin: Claudia Rawer, 9.17
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la douleur est indispensable. Elle nous signale en effet qu’il y a un problème. On s’est mal penché, on s’est assis de travers, on s’est cogné ou on est tombé, et on a mal. Une infection nous tourmente, un organe est sévèrement touché, les articulations sont usées, un nerf est irrité, et, (presque) systématiquement, le corps tire la sonnette d’alarme. La douleur peut se ressentir dans toutes les parties du corps de la tête aux pieds, et les troubles psychosomatiques, sans cause organique, nous avertissent que le mental est en souffrance. Fais quelque chose, nous dit la douleur, soigne-toi !
En Allemagne, les antalgiques de synthèse rapportent chaque année environ 500 millions d’euros de chiffre d’affaires aux pharmacies, bien que ces médicaments soient souvent inappropriés en traitement longue durée et présentent des effets secondaires. Pour de nombreux patients, et désormais également pour certains médecins, les remèdes à base de plantes offrent une alternative intéressante : ils sont aussi efficaces dans de nombreux cas et généralement sans effets secondaires, ou alors minimes, grâce à leur mode d’action particulier.
Concernant l’arnica montana jaune d’or, on pourrait parler d’une plante médicinale à large spectre. Les remèdes à base d’arnica constituent le traitement de premier choix, notamment pour la commission E allemande, conseil consultatif scientifique de l’institut fédéral (allemand) des remèdes et des médicaments, pour traiter les suites post-traumatiques comme les hématomes, les œdèmes, les contusions, les ecchymoses et les entorses, ainsi qu’en cas de douleurs dorsales, de lumbagos et des douleurs musculaires, articulaires et rhumatismales. L’arnica est également utile en cas de modification articulaire avec détérioration du cartilage (arthrose). On l’applique en outre sur les piqûres d’insectes enflammées, sur les furoncles, notamment les abcès récidivants (furonculose). Des études sérieuses confirment l’efficacité de l’arnica en cas d’inflammation veineuse superficielle et d’insuffisance veineuse chronique. La société allemande de neurologie recommande aux sportifs des frictions à base de consoude et d’arnica en cas de crampes aux mollets.
Les fleurs d’arnica ont une action anti-inflammatoire, très apaisante et antiseptique. En phytothérapie, elles sont utilisées exclusivement en usage externe, en teinture, en pommade ou en gel. Les sesquiterpènes à fonction lactone, responsables en grande partie de leur efficacité, ont une action toxique en usage interne. L’arnica ne convient pas aux plaies ouvertes. Les allergies de contact dues à l’arnica sont rares, mais si elles surviennent, il faut malheureusement renoncer à ce remède merveilleux.
L’arnica montana est menacée par la destruction incessante de son milieu, elle serait même en voie de disparition. Grâce aux efforts de culture, on parvient désormais à obtenir une variété se prêtant aux plantations, ainsi les espèces sauvages encore présentes peuvent être préservées et récoltées à des fins médicales.
La grande consoude ou consoude officinale (Symphytum officinale) est une plante médicinale connue depuis longtemps. Bien que ses composants soient tout à fait différents, son domaine d’application et son action ressemblent à ceux de l’arnica : on l’utilise en effet contre les contusions, les entorses, les élongations, les douleurs et les gonflements musculaires et articulaires, le mal de dos et l’arthrose. On attribue à la consoude une action apaisante en cas de ténosynovites (inflammations de la gaine tendineuse) et d’épicondylite (tendinite du coude).
Les pommades à base de consoude sont fabriquées à partir des racines de la plante, parfois des feuilles également. Les tanins et l’acide rosmarinique ont un effet anti-inflammatoire, les sécrétions apaisent les irritations. L’action cicatrisante est due à l’allantoïne, tandis que les alcaloïdes pyrrolizidiniques ont des propriétés hémostatiques. C’est précisément là que le bât blesse : ces substances sont également toxiques pour le foie, cancérigènes, et modifient le patrimoine génétique.
La consoude ne sera donc pas utilisée sur des plaies et en aucun cas en usage interne. Cependant, la plupart des pommades et crèmes de phytothérapie ne contiennent désormais plus ces substances nocives, et peuvent être utilisées sur des lésions. Demandez conseil à votre pharmacien ou à votre droguiste. L’allantoïne, relativement rare dans la plante, peut déployer toute son action dans ce type de préparations : elle nettoie la plaie en favorisant l’évacuation du liquide cellulaire et l’élimination des agents pathogènes comme les bactéries. Avec les sécrétions de la plante, l’allantoïne stimule la formation de nouvelles cellules.
Les remèdes à base de consoude ne conviennent pas aux femmes enceintes et allaitantes ni aux enfants de moins de trois ans. Si l’on observe ces précautions, la consoude représente une plante médicinale fort utile.
Les bourgeons du giroflier contiennent des huiles essentielles, notamment de l’eugénol (jusqu’à 95 %). Cette substance a une action désinfectante contre les bactéries, les virus et les champignons, elle est antispasmodique, légèrement anesthésiante localement, et donc apaisante. Les clous de girofle peuvent en outre prévenir l’apparition des prostaglandines. Ces hormones tissulaires sont présentes en excès en cas d’inflammation ; les substances du clou de girofle soulagent l’inflammation et la zone affectée peut guérir.
Tous les dentistes connaissent bien l’eugénol et peuvent le cas échéant vous prescrire le remède approprié. Pour l’automédication, l’huile essentielle de clou de girofle est disponible en pharmacie ou chez votre droguiste. Cette préparation devra être utilisée avec parcimonie et diluée avec d’autres huiles, en effet, l’huile de clou de girofle pure peut irriter les muqueuses sensibles. Les principaux domaines d’application du clou de girofle - et les plus éprouvés - concernent les inflammations du pharynx et de la cavité buccale, les inflammations des muqueuses ou les maux de gorge, de dents et les problèmes de gencives. Les clous de girofle seront toutefois utilisés uniquement pour des douleurs légères. Si les douleurs ne disparaissent pas rapidement, une visite chez le dentiste s’impose.
De manière paradoxale, le piment (Capsicum) ou le poivre de Cayenne apaisent la douleur. La capsaïcine s’accroche aux récepteurs de la peau responsables de la perception de la douleur, et qui transmettent au cerveau des signaux de chaleur. Les récepteurs TRPV1 interviennent également lorsque nous absorbons des saveurs piquantes. Lorsque ces récepteurs sont activés par la capsaïcine, deux autres entrées cellulaires qui réagissent habituellement aux stimulis mécaniques de contact se ferment. Les récepteurs TRPV1 sont alors surstimulés, jusqu’à ce que tous les neurotransmetteurs qui transmettent les signaux de la douleur au cerveau soient libérés. Au bout de quelques minutes,
la douleur est engourdie.
La capsaïcine est utilisée en spray nasal, en pommade et dans les pansements destinés à traiter les douleurs musculaires et articulaires, le mal de dos, l’arthrose, le lumbago. Le principal domaine d’application concerne les douleurs neuropathiques périphériques consécutives à un zona, des lésions nerveuses suite à une intervention chirurgicale ou un diabète. Plusieurs études montrent que la capsaïcine est capable en outre de soulager les douleurs fantômes.
Contre les douleurs intenses, certains antidépresseurs, antiépileptiques ou opioïdes peuvent être prescrits. Mais ces médicaments provoquent des effets secondaires comme des troubles de la concentration, de l’apathie, des vertiges. Un pansement à la capasäicine ne présente pas ces effets indésirables, les douleurs et rougeurs lors de l’application seront vite soulagées par de la glace. Reste que le piment (ou poivre de Cayenne) n’est pas toléré par tout le monde, il ne convient en automédication que sous certaines conditions. Demandez conseil à votre pharmacien, car le traitement des névralgies est du ressort d’un spécialiste.
L’une des plantes médicinales les plus charmantes ne doit pas manquer dans notre pharmacie anti-douleur : il s’agit de la bugle rampante (Ajuga reptans) aux fleurs bleues lumineuses. La bugle a une action antibactérienne, anti-inflammatoire et apaisante. En infusion, elle soulage les inflammations de la cavité buccale et du pharynx, apaise les brûlures d’estomac et les douleurs dues aux ulcères gastriques. Ses propriétés déploient notamment leurs bénéfices en compresses ou en cataplasme sur des plaies, même saignantes ou ayant du mal à guérir, en cas de contusion ou d’ecchymose, d’eczéma ou d’œdèmes. La bugle est réputée améliorer la cicatrisation.
Élément particulièrement intéressant : la bugle rampante contient de l’harpagoside (glucoside), que l’on ne connaissait jusqu’à présent que dans la célèbre griffe du diable africaine. On suppose que comme pour la griffe du diable, l’harpagoside conjugué à un ensemble d’autres substances exerce une action apaisante contre la douleur.
Depuis longtemps, la griffe du diable africaine (Harpagophytum procumbens) n’est plus l’apanage de la seule médecine naturelle pour soigner les douleurs
de l’appareil musculo-squelettique. Un article à caractère scientifique avait élégamment indiqué « que la pharmacopée conventionnelle infligeait au corps de sévères problèmes de tolérance en cas de douleurs rhumatismales ». Autrement dit, l’absorption des inhibiteurs COX non sélectifs (anti-inflammatoires non stéroïdiens ou AINS) peut engendrer des saignements de la muqueuse gastrique et le ralentissement de la fonction rénale.
Même le groupe récent des inhibiteurs COX-2 sélectifs est susceptible d’endommager les muqueuses de l’estomac. Un premier médicament de ce groupe (le Vioxx) a conduit à une nette augmentation de l’infarctus du myocarde, de nombreux coxibs ont donc été retirés par mesure de précaution et ont perdu l’autorisation de mise sur le marché.
Les racines de la griffe du diable contiennent de l’harpagoside, substance qui favorise la production des neurotransmetteurs anti-douleur et anti-inflammatoires. D’autres composants comme l’harpagide, le procumbide et les flavonoïdes, les triterpènes et les phytostérols contribuent vraisemblablement au processus d’action de la plante. La commission E a évalué positivement la griffe du diable comme « traitement d’appoint des maladies dégénératives de l’appareil musculo-squelettique », son efficacité est désormais prouvée par une multitude d’études.
Les extraits de cette plante sont utilisés avec succès dans les cas de maladies de type rhumatismal, notamment l’arthrose et les problèmes d’usure articulaire, ainsi que pour le mal de dos aigu ou chronique.
La griffe du diable soulage efficacement les douleurs et raideurs, et améliore le fonctionnement des articulations. Il existe une contre-indication uniquement en cas d’hypersensibilité ou en cas d’ulcère à l’estomac ou au duodénum.
Il n’y a pas suffisamment de données concernant l’utilisation par les enfants et les femmes enceintes. Chaque patient doit bien entendu signaler à son médecin tout effet inhabituel. L’usure articulaire et le mal de dos sont devenus un enjeu de santé publique ; selon l’estimation d’un spécialiste, près de 70 % des personnes concernées pourraient tirer profit d’un traitement à base de griffe du diable, aussi cette plante africaine est-elle considérée comme la reine des plantes anti-douleur.
Nombres d’études cliniques sérieuses ont montré depuis plus de 30 ans que la menthe poivrée (lat. Mentha x piperita), ou une solution à base de menthe et d’alcool à 10 %, est aussi efficace contre les maux de tête que 1000 milligrammes de paracétamol ou d’aspirine. Le menthol a une action antispasmodique et relaxante. L’huile essentielle de menthe poivrée disponible en magasin spécialisé, à raison de quelques gouttes appliquées sur les tempes, aide à soulager les maux de tête dus au surmenage. L’action apaisante bien connue de l’infusion ou de l’huile essentielle de menthe poivrée est indiquée également en cas de douleur gastrique, de colon irrité ou de spasmes lancinants. La menthe poivrée ne doit pas être utilisée chez les nourrissons et les jeunes enfants. Un surdosage extrêmement fort peut être toxique et provoquer une insuffisance rénale.