Un végétal exigeant
La griffe du diable est une plante médicinale aux caractéristiques très particulières. Ainsi chacune de ses fleurs de couleur rouge clair à rose-violet en forme de trompette n'apparaît que pour un seul jour durant la courte saison des pluies. Elle doit son nom mystérieux aux fruits dotés de barbillons qui ressemblent à des griffes et qui apparaissent après les fleurs.
Harpagophytum procumbens est difficile en matière de croissance: Elle s'épanouit exclusivement dans les régions des steppes de la Namibie, du Botswana, de l'Afrique du Sud et d'Angola qui forment le désert du Kalahari. La griffe du diable possède un tubercule principal et plusieurs tubercules secondaires de réserve. Seuls les tubercules principaux permettent à la plante de se régénérer. En revanche, seuls les tubercules de la racine secondaire sont utilisés aux fins médicales. Ces racines de réserve d'une épaisseur jusqu'à six centimètres et d'une longueur pouvant atteindre 20 centimètres peuvent descendre à une profondeur d'un mètre et demi.
La «récolte» est donc tout sauf facile et c'est un véritable défi de les déterrer sous la chaleur africaine. Lors d'une visite en Afrique du Sud, Andreas Ryser, responsable de la culture des plantes médicinales chez A.Vogel SA il y a peu encore, a mis une heure et demie pour déterrer une seule plante! Les racines sont coupées en fines tranches pour être séchées.
Un remède traditionnel et prisé
Que ce soit en cas de problèmes du foie, de la vésicule biliaire, de l'estomac, des reins, de la vessie ou de rhumatisme: Les guérisseurs locaux prescrivent les racines séchées depuis des siècles. L'utilisation de cette plante antalgique et stimulant la digestion était également appréciée pour le traitement des plaies et en obstétrique.
Comme d'autres chercheurs avant lui, le pionnier suisse de la naturopathie, Alfred Vogel (1902 – 1996), s'est rendu dans les déserts du Namib et du Kalahari au cours des années 60, afin d'étudier l'action de la griffe du diable. Un point qui lui a sauté aux yeux tout de suite, malgré toute la fascination: la surexploitation considérable de cette plante prisée par l'ensemble du monde occidental.
C'est donc dès le départ qu'une seule option était envisageable pour l'entreprise A.Vogel: il fallait cultiver l'Harpagophytum procumbens. Un exercice qui s'est révélé plutôt compliqué dans les régions désertiques de la pointe sud du continent africain.
Un projet de culture durable
Au sein d'un groupement qui comprend A.Vogel et une autre entreprise, les années 1998 à 2005 ont vu la réalisation, à la ferme „Avontuur", située à 150 kilomètres au nord de la ville sud-africaine de Kuruman, en coopération avec le Prof. Dieter J. von Willert de l'institut d'écologie des plantes de l'université de Münster (D), d'un projet de culture durable.
L'objectif de ce projet était triple:
- Empêcher la surexploitation
- Assurer un approvisionnement en matières premières de qualité constante
- Impliquer la population locale dans la demande de leurs plantes endémiques.
La raison de cette démarche est la demande en griffes du diable qui a connu une hausse vertigineuse depuis les années 1990. Rien que les exportations au départ de la Namibie au cours des dernières années se sont établies à près de 650 tonnes par an. Cette quantité correspond à chaque fois à un nombre de plantes entre huit et onze millions! En raison du taux de renouvellement par germination des graines extrêmement bas, la taille de la population sauvage diminue donc successivement.
Face à cette menace, il fallait (et il faut toujours) des mesures d'urgence pour protéger cette plante du désert.
Meilleures récoltes grâce à la culture durable
Le développement de la culture durable de la griffe du diable s'appuie sur une proposition du fermier „Avontuur" Gert Olivier. Il a développé un procédé sur la base duquel les griffes du diable issues de la culture fournissent des racines bien plus grandes que celles issues de la cueillette des plantes sauvages. Sur une longueur de 200 mètres, Olivier a traité des prairies de manière à enlever toute végétation sur des bandes larges de trois mètres. Ces bandes exemptes de végétation alternent avec des bandes de cinq mètres de largeur qui ont conservé leur végétation. Divers mécanismes de réaction ont pour conséquence que le sol des bandes sans végétation contient nettement plus d'eau et que la teneur en eau durant la saison des pluies subit des variations bien plus faibles que le sol des bandes avec végétation.
La comparaison des rendements démontre que la matière sèche des plantes cultivées sur la balance est supérieure à celle des plantes qui poussent à l'état sauvage, et ceci dès la première phase de croissance. Jusqu'à la fin de la troisième phase végétative, le rendement des plantes cultivées est multiplié par huit par rapport aux plantes sauvages - alors que la concentration en composants est identique!
Ceci a une importance capitale car, comme expliqué au début, 100 kilogrammes de racines fraîches de cette plante unique permettent d'obtenir à peine 10 kilos d'extrait (principe actif) pour les comprimés d'Harpagophytum très efficaces d'A.Vogel.
La meilleure qualité possible pour la matière première
À l'heure actuelle, la culture durable de la griffe du diable en Afrique du Sud répond à toutes les prescriptions légales et le déterrement des plantes est grandement facilité. Les collaborateurs de la ferme ne creusent plus de trous d'une profondeur allant jusqu'à un mètre et demi, comme pour les plantes sauvages, mais de seulement 20 à 30 centimètres environ. Le sol des bandes cultivées est plus meuble que le sol désertique et, grâce au taux d'humidité plus élevé des couches supérieures du sol, les tubercules secondaires poussent moins en profondeur que ceux des griffes du diable sauvages.
Krallenförmige Frucht links, Knollenförmige Wurzel rechts.
Le projet de culture a aussi apporté d'autres avantages: Il empêche p.ex. les confusions avec des tubercules des autres plantes qui se produisent souvent lors de la cueillette des plantes sauvages. Les emplacements étant connus, la récolte peut se faire à toute saison (après la croissance de quatre ans) en plus. Comme les plantes cultivées produisent environ 100 fois plus de fruits, la reproduction se fait à l'aide de graines. Cela signifie que la diversité génétique des plants est préservée.
Même si les populations locales continuent de cueillir les plantes comme avant, les peuplements de plantes sauvages ne sont plus surexploités. Cela permet de garantir une contribution essentielle à la protection de la griffe du diable, à la préservation des ressources génétiques, tout en assurant la meilleure qualité possible de la matière première – notamment pour les comprimés d'Harpagophytum d'A.Vogel.
Depuis 2018, il n'est plus possible de s'approvisionner en matière première à la ferme Avontuur. La raison est l'absence d'un successeur pour reprendre l'exploitation. Un transfert de connaissances vers un cultivateur en Namibie est en cours. Pour cela, l'ancien cultivateur, un nouveau cultivateur ainsi que des spécialistes de chez A.Vogel SA se sont rencontrés en Namibie. En ce moment (état du projet fin 2020), on est en train d'y mettre en place une culture de manière similaire, avec les mêmes objectifs durables.
Alfred Vogel et la griffe du diable
„À l'époque où je cherchai la griffe du diable, cette plante était quasiment inconnue en Europe. Mais ensuite, ... le monde des affaires .... s'en empara, et la publicité la fit connaître encore davantage. Cela entraîna une telle hausse de la demande que les cueilleurs fournirent des racines au goût amère similaire au lieu de la véritable griffe du diable. Il ne fut pas facile ensuite de remettre de l'ordre dans ce trafic désorganisé. Mais comme le gouvernement est intervenu contre la surexploitation et des restrictions ont été mises en vigueur, on a réussi à apporter une certaine protection à la plante. La conséquence en était qu'elle est quasiment retombée dans l'oubli depuis. Pour ma part, je fus très occupé à étudier les vertus curatives de la plante durant mon séjour ... Dans la bouche, j'ai mis une fine tranche de la racine de réserve en contact avec la salive pour ensuite courageusement avaler les substances amères dissoutes ... Il va de soi que je me suis aussi servi de la griffe du diable lorsque je souffris de troubles de la santé durant mes séjours sous les tropiques."
Alfred Vogel, 1970, cité dans: „A.Vogel – Tout sur les rhumatismes. Stratégies de traitement global. Comment prévenir et maîtriser le mal", Heinz Scholz, Editions A.Vogel SA, CH Teufen AR