Tulipa gesneriana

Le terme turc « tülbend » et le mot persan « dulband » qui ont inspiré le nom de tulipe, désignaient à l’origine les turbans des Ottomans. Ces foulards, par leur forme et leur couleur, faisaient penser aux têtes des tulipes. Dans la langue écrite turque et perse, les tulipes s’appellent aujourd’hui encore «lalé ».

Les peuples du Moyen-Orient ont remarqué très tôt les tulipes. Ils cultivaient probablement des tulipes issues de différentes variétés sauvages (Tulipa gesneriana) dans leurs jardins. Dans le vaste empire ottoman, on accordait une grande importance à l’aménagement somptueux des jardins, et les tulipes y figuraient en bonne place, comme le montre la littérature en ancien perse du IXème siècle. Il y est mentionné que le sultan Ottoman Selim II (1524-1574) avait commandé 50 000 oignons pour son jardin.

En Turquie, les tulipes étaient immortalisées par des broderies sur les vêtements. Cette plante est devenue la fleur nationale turque, symbole de vie et de fertilité.

Ogier Ghislain de Busbecq, diplomate belge, était également l’ambassadeur de l’empereur autrichien Ferdinand Ier à la cour de Soliman Ier, le père de Selim II, grand amoureux des tulipes. Busbecq avait remarqué le vif intérêt et le grand soin accordé aux tulipes. En 1554, il rédige dans une lettre la première description de cette fleur, qu’il appelle tulipan. Il envoie les premières preuves tangibles à Vienne, sous forme de graines et d’oignons.

Le Néerlandais Charles de l`Ecluse, appelé également Carolus Clusius, était l’un des plus grands botanistes du XVIème siècle. Il a réussi à rehausser l’herbologie au rang de botanique descriptive. Son système de nomenclature a ensuite été repris par Carl von Linné. Clusius était l’un des destinataires des envois de Busbecq. Dans sa fonction de jardinier de la cour impériale de Vienne, puis de professeur à Leiden, il s’intéresse aux tulipes et cultive les premières tulipes de Hollande. Considéré aujourd’hui comme le père néerlandais des tulipes, il a créé des croisements complexes et difficiles, a réalisé des essais d’ensemencement avec différentes variétés, et a conservé ses résultats sur des aquarelles.

Clusius entretenait activement des échanges et veillait à ce qu’une grande partie de l’Europe découvrît la fleur. Les reproductions des naturalistes et botanistes Andrea Mattioli en 1565 et Konrad Gesner en 1561 témoignent de la diffusion progressive et de la notoriété de la fleur en Europe. En Italie, les tulipes existent depuis 1549. La description de Gesner, probablement sur la « Tulipa armena », a servi de base à Carl von Linné en 1753 pour sa description de la « Tulipa Gesneriana ».

Le nom de la variété « gesneriana », qui regroupe différentes formes, a été attribué en l’honneur du Suisse Konrad Gesner. Ce scientifique du XVIème siècle était considéré comme le « père de la botanique allemande » ; en tant que pionnier de la science des plantes, il a décrit et dénommé différentes variétés.

La tulipe est devenue un bien de consommation de masse. Aujourd’hui, presque tout le monde peut apprécier cette belle fleur et ses variantes infinies. Déjà en Perse, offrir une tulipe sauvage équivalait à une déclaration d’amour fleurie.

Aujourd’hui encore, la couleur de la tulipe reflète les sentiments de celui qui l’offre : plus la couleur est intense, plus les sentiments sont profonds.

Le rouge reste évidemment la couleur de l’amour par excellence. Le jaune évoque un rayon de soleil, le rose la tendresse, l’orange la fascination. Laissons parler davantage les fleurs, dans leur beauté et leur harmonie !